Le bien-être des enfants pendant la pandémie du COVID-19
La pandémie de COVID-19 a des répercussions sans précédent sur la vie des enfants. Nombreux sont ceux qui pensent que comme les enfants sont moins susceptibles de présenter des symptômes graves de la COVID-19, ils sont moins touchés par cette crise. Or les enfants sont directement concernés par cette crise et leur bien-être a souffert.
Au Luxembourg, des mesures ont été prises pour atténuer les effets de la propagation du coronavirus. La fermeture des établissements scolaires, l’impossibilité de participer à des activités récréatives, le confinement à domicile et le bouleversement des habitudes quotidiennes ont affecté en particulier les enfants.
« Puisqu’il existe très peu de données sur le bien-être subjectif des enfants au Luxembourg, et encore moins dans le cadre de la pandémie, nous avons soutenu l’étude COVID-Kids de l’Université du Luxembourg. En tant que plus grande organisation de défense des droits de l’enfant, il est non seulement important de donner une voix aux enfants, mais aussi de les écouter pour mieux comprendre leurs expériences et les défis auxquels ils sont confrontés », explique Sandra Visscher, directrice d’UNICEF Luxembourg.
Comment les enfants ont-ils vécu cette expérience ?
De mai à juillet 2020, des chercheurs de l’Université de Luxembourg ont interrogé près de 700 enfants âgés de 6 à 16 ans à travers le Luxembourg pour comprendre l’impact de la pandémie sur leur bien-être subjectif ainsi que leurs expériences quotidiennes et leur éducation à domicile, en particulier. A cette enquête en ligne à grande échelle, ils ont ajouté des entretiens de groupe.
« Les droits de l’enfant prévoient qu’on entende les enfants. Ceci n’était pas le cas lors de la première phase de la pandémie et leur voix étaient largement absente dans les débats autour du COVID. L’objectif de notre étude n’était non seulement d’écouter les expériences vécues par les enfants mais également de faire en sorte que leur voix puisse éclairer les futures réponses apportées à différents niveaux tels le Gouvernement, les ministères, les enseignants et éducateurs, les professionnels de la Santé, ainsi que les parents », déclare Claudine Kirsch, directrice du projet COVID-Kids
Les conclusions clés de l’étude
Les principales conclusions peuvent être résumées comme suit :
- La satisfaction de la vie des enfants a considérablement diminué : de 96% avant la pandémie à 67% pendant le confinement
- Leur satisfaction à l’égard de l’école a diminué : de 91% avant la pandémie à 76% pendant la pandémie, pour l’enseignement fondamental et de 84% avant la pandémie à 62% pendant la pandémie, pour le secondaire.
- Certains groupes d’enfants ont déclaré des niveaux de bien-être émotionnel significativement plus faibles que d’autres. Il s’agit des enfants âgés de 11 à 16 ans, des enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés et des filles.
- Les amis et leur famille manquaient le plus aux enfants pendant la fermeture des écoles et le confinement.
- Tandis que 63 % des enfants de l’école fondamentale ont déclaré bien s’en sortir avec le travail scolaire, seuls 44 % des élèves du secondaire ont déclaré la même chose.
- Près d’un tiers des enfants a déclaré craindre souvent ou très souvent de tomber malade ou de voir quelqu’un de leur entourage tomber malade.
Des importants corrélats du bien-être subjectif pendant la pandémie ont été le degré de difficulté, la quantité et le contenu du travail scolaire pendant la période d’enseignement à distance, la peur de tomber malade ainsi que la satisfaction avec la façon dont les adultes écoutent les enfants.
« Notre étude a identifié quatre facteurs en particulier dont l’influence sur le bien-être est forte, et sur lesquels il est possible d’agir. La science peut aider à développer des solutions par exemple à travers le développement d’ interventions prometteuses. Notre étude peut donner des pistes pour le développement de telles interventions. Nous espérons que nos résultats peuvent fournir un support pour les décideurs politiques et les gens du terrain afin de réduire les effets négatifs de la pandémie sur le bien-être et la santé mentale des enfants », explique Pascale Engel de Abreu.
Une page web pour aider les enfants, les adolescents et les parents
Pour accompagner l’étude et pour présenter les résultats de façon compréhensible, UNICEF Luxembourg et l’Université du Luxembourg ont créé trois petits films (http://uncf.lu/pad6p) et une page web covidkids.lu.
Celle-ci contient des conseils simples et pratiques pour aider les enfants et les adolescents à comprendre et à gérer la situation et leurs émotions, ainsi que des astuces pour prendre soin de soi. De plus, la page contient également des conseils pour les parents pour les aider à faire face aux défis parentaux.
« Un des rôles de la science est d’aider à informer les décideurs mais c’est aussi l’occasion d’envoyer un message aux parents, car une de nos recommandations est: écoutez bien vos enfants », explique Pascale Engel de Abreu
Au-delà de ces outils pratiques, des mesures supplémentaires à tous les niveaux de la société sont nécessaires pour contribuer à l’amélioration du bien-être des enfants au Luxembourg. A cet effet, l’Université du Luxembourg et UNICEF Luxembourg ont dressé une liste de recommandations.
Recommandations sur les politiques et pratiques
- Permettre aux enfants et aux parents d’avoir accès à des services de prévention et d’aide afin de promouvoir le bien-être des enfants et leur santé mentale sur le long terme.
- Faire en sorte que les écoles véhiculent des messages de bien-être et la prévention du stress chez les enfants en fonction de leur âge.
- Être à l’écoute des enfants et les encourager à exprimer leurs préoccupations et leurs idées.
- Investir dans une communication claire et accessible avec les enfants qui soit adaptée à leur âge. Si l’information n’est pas claire, voire contradictoire, elle est une source de peur et de confusion.
- Créer des espaces pour garantir la participation des enfants.
- Organiser l’enseignement à domicile de sorte que les élèves aient des contacts réguliers avec leurs enseignants et leurs camarades de classe. Les enseignants devraient s’assurer que les enfants aient accès au matériel pédagogique, qu’ils comprennent ce qui leur est demandé.
- Rassembler des données désagrégées sur les enfants et investir dans la recherche pour mieux comprendre l’impact du COVID sur leur bien-être.
- Investir dans le développement de la recherche pour mieux comprendre l’expérience des enfants les plus vulnérables durant cette pandémie.
Téléchargements
Contact
UNICEF Luxembourg
Isabelle Hauffels
Chief Advocacy
Tél. : 44 87 15-24
Email : ihauffels@unicef.lu
Paul Heber
Responsable de la Communication
Tél. : 44 87 15 26
Email : pheber@unicef.lu
Université de Luxembourg
Dr Claudine Kirsch
Associate Professor, Education, Languages
Faculty of Humanities, Education and Social Sciences
Tél. : 46 66 44 9802
Email : claudine.kirsch@uni.lu
Dr. Pascale Engel de Abreu
Associate Professor, Developmental Psychology
Faculty of Humanities, Education and Social Sciences
Tél. : 46 66 44 9779
Email : pascale.Engel@uni.lu